Et si, par une malice du temps, Giacomo Casanova, né il y a trois cents ans et mort en 1798, était catapulté dans nos années 2020 ?

Quel regard porterait-il sur notre époque ? Que penserait-il des démocraties qui, des États-Unis à l’Europe,

se trahissent ?

De notre société écartelée entre deux extrémités ?

De la montée du populisme versus celle des Éveillés ?

Des communautarismes au détriment de l’universalisme ?

De la propagation d’une justice expéditive sur les réseaux sociaux avant que Justice ne puisse passer ?

Des crimes sexuels d’hommes de pouvoir qui ouvrent les digues du jusqu’au boutisme de certaines féministes ?

De la dictature de l’émotion instantanée qui ne permet plus le temps de la raison ?

Des mythologies qui s’affrontent pour qu’une culture s’efface ou ne s’efface pas ?

Du recul des libertés ordonné par ceux-là même qui déclaraient qu’il était interdit d’interdire ?

Aux motifs de débauche, athéisme et occultisme, Casanova fut emprisonné puis dut s’exiler.

Homme libre, il fut longtemps brocardé en libertin pour que, jusque récemment, l’on puisse mieux bannir son oeuvre.

S‘il nous revenait, cet amoureux des femmes et des hommes, voyageur européen et fin lettré qui prit la plume pour l’Histoire de ma vie, la tremperait à nouveau dans l’encre qui se ferait acide ou velours.

Et adresserait des lettres aux personnalités défrayant la chronique d’une société malade d’elle-même qui, au lieu de s’en enrichir, s’appauvrit de ses différences.