Fariba Hachtroudi dont le dernier roman
Le douzième Imam est une femme ? salué par Bernard Henri Lévy, pour sa drôle et insolente dénonciation « des poisons de l’islamisme », récidive en signant, avec
Gelée royale, un nouvel ouvrage déjanté et hilarant.
Car, à l’image des Parthes, l’écrivaine d’origine iranienne, dispose de bien de flèches dans son carquois ! FaribHachtroudi, cette fois, décoche sur les travers « des temps modernes » et sur quelques-unes de ses grotesques spécialités dont la quête désespérée de la jeunesse perpétuelle. Une illusion qui, aidée par les revues de papier glacé, peut rendre fou.
C’est à ces prothèses naturelles de la bêtise humaine que vient s’attaquer son héroïne à l’occasion d’une guerre ouverte des actionnaires d’un groupe cosmétique, pris ici comme archétype à peine caricatural. Pour dénoncer pertinemment le mal, Delfi, une journaliste pugnace, part à la recherche du « secret de fabrication » de la «
Gelée Royale », la crème « miracle » de la gamme «
Eau de jouvence » de «
L’Irréelle ». Elle finit par découvrir les secrets inavouables de cette potion « magique », mixture qui déride les peaux en enflammant les esprits. Elle est secondée par deux complices : le publiciste attitré de la société productrice d’illusions et une femme de ménage aristocrate, Africaine à la sagesse ensorceleuse. Delfi nous entraîne dans les méandres d’une mondialisation à visage formaté où l’Argent Roi, le tyran invisible, nous vend le rêve de l’éternité à portée de main.
Fresque psychosociale, ce récit, traversé de métaphores et d’allusions aux mythes africains, est à la fois une acerbe critique de la marchandisation, ainsi que de l’inexorable déshumanisation de nos sociétés. Une humoristique parabole, placée sous le signe dominant de la dérision.