De la naissance du FIS aux législatives avortées de 1991
AUTEUR
Un essai d'Amer Ouali
Amer Ouali est journaliste à l’Agence France-Presse (AFP) à Paris. Après avoir travaillé dans la presse algérienne, il a rejoint l’AFP en 1991 comme correspondant en Algérie. Il a été le directeur de son bureau Alger de 2014 à2017. Il a publié en 2022Du verbe au fusil, la terreur saintedécrivant la décennie noire en Algérie.
Plus de vingt ans avant le « printemps arabe » de 2011, l’Algérie a connu le sien, rapidement transformé en un hiver sanglant. En 1989, quelques mois après un soulèvement populaire contre le régime du parti unique, violemment réprimé, le président Chadli Bendjedid, ancien colonel, lance un processus démocratique audacieux malgré les réserves de l’armée qui l’avait porté au pouvoir dix ans plus tôt.
Au lieu d’organiser immédiatement une transition après le mouvement de protestation et de partir à sa suite, il a préféré piloter lui-même le chantier des réformes politiques dans le sillage de la chute du mur de Berlin, se rêvant en « Gorbatchev algérien ».
Illégalise le multipartisme et le pluralisme syndical, ouvre le champ médiatique,amnistie les détenus politiques et autorise les dirigeants exilés à rentrer au pays pour participer au processus démocratique en marche.
Inquiété tout de même par la montée en puissance des islamistes sur fond de révolution iranienne et de guerre en Afghanistan, il dote le pays d’une Constitution interdisant la création de partis sur une basse confessionnelle.
Au mépris de la loi fondamentale, il reconnaît quand-même le Front Islamique du Salut (FIS) qui se donne pour objectif de mettre en place un État Islamique et de balayer la démocratie une fois arrivé au pouvoir. Le « parti de Dieu » frôle la majorité absolue dès le premier tour des législatives en décembre 1991 et se retrouve aux portes du pouvoir. L’armée, soutenue par une partie du courant progressiste et laïc, refuse l’avènement d’un « régime théocratique totalitaire » qui a déjà affiché son caractère violent. Elle demande au chef de l’État de stopper le processus électoral. Face à un dilemme insoluble, Chadli Bendjedid choisit de quitter le pouvoir. A-t-il été renversé parses compagnons qui l’ont porté à la plus haute fonction en 1979 ou leur a-t-il spontanément remis le pouvoir. Son départ en janvier 1992 fut en tout un cas un immense coup d’éclat qui a entraîné le pays dans une décennies de violences généralisées.
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