Comme le calife Haroun al-Rachid avant lui, on dit que Saddam Hussein parcourait Bagdad sous divers déguisements, pour être en prise directe avec les aspirations de son peuple, savoir ce qui se disait de lui et de ses proches.
En 2000, la parution en Irak de Zabiba et le Roi, signé par un mystérieux « par son auteur », surprit par sa teneur nombre d’observateurs, mais personne ne doutait qu’il se fut agi du président irakien. Qui d’autre que lui aurait osé remettre en cause, aussi radicalement, le système politique existant ?
Lors de sa parution, la CIA et le Mossad, à l’affût des faits et gestes de Saddam Hussein, s’en sont procurés des exemplaires pour dresser un nouveau profil psychologique du chef de l’État irakien. L’image qui s’en dégage est aux antipodes de celle, réductrice et partisane, qui faisait de Saddam Hussein un satrape oriental menaçant l’Occident et son propre peuple de ses armes de destruction massive.
L’histoire se déroule au IIe siècle avant J.-C. Le roi Arab – Saddam – partage avec le lecteur son amour pour son royaume – l’Irak – symbolisé par Zabiba, une fille du peuple exploitée par un mari violent, cupide, au service d’ennemis puissants. Le dialogue qui s’instaure entre le roi et la jeune femme met en lumière la solitude du monarque absolu, entouré de courtisans, d’intrigants et de comploteurs. Avec Zabiba, dont il tombe amoureux, le roi prend conscience du rôle déterminant de la femme dans le développement de la société arabe, de la nécessité d’instaurer un régime démocratique, du pouvoir de la foi. Ses conversations annoncent les processus révolutionnaires qui embrasent aujourd’hui les pays arabes, les uns après les autres.
La lecture d’un de ses entretiens/interrogatoires avec le FBI, en février 2004, en témoigne clairement. Zabiba et le roi, traduit en une dizaine de langues, mis en scène au théâtre à Bagdad fin 2002, parodié en 2012 au cinéma par Hollywood, est le premier et le plus connu des livres écrits par Saddam Hussein. Publié de son vivant, c’est une réflexion sur l’exercice du pouvoir, le testament politique d’un homme qui défiait « l’Empire ».
En annexe : un extrait de l’entretien/interrogatoire du président Saddam Hussein – « détenu de haute valeur n°1 » - réalisé par le FBI, le 7 février 2004.
En postface : Ode à l’Irak, un des derniers poèmes écrits en prison par Saddam Hussein.