Ce livre porte sur deux islamologues : français et marocain. Le choix illustre parfaitement bien le dialogue de sourds entre l’islam et l’Occident. Les deux thèses génèrent une attitude d’hostilité systématique envers l’islam (Urvoy) et l’Occident (Hogga). Ce type de discours qui domine encore la scène intellectuelle, la sphère médiatique et une partie du champ universitaire écarte les chances d’un dialogue fructueux entre les deux rives de la Méditerranée et renforce les malentendus.
Si ma critique cible ce discours, c’est justement pour montrer, preuves à l’appui, que la Méditerranée – comme esprit et carrefour de civilisations, hospitalité et défi, et, entre autres choses, lieu de naissance du monothéisme religieux –, a toutes les chances, les moyens, les capacités et les potentialités de nouer un dialogue digne de ce nom et de conduire l’humanité – idée si chère à Edgar Morin –, à « accoucher de l’Humanité ». Autrement dit, résoudre la question que Tawhidi posait, il y a longtemps, à savoir « l’homme est un problème pour l’homme ».
C’est ce sentiment partagé entre Tawhidi (Xe siècle) et Morin (XXIe siècle) – abstraction faite de leur appartenance religieuse et géographique ainsi que leur distance dans le temps –, qui caractérise l’esprit et l’espace méditerranéens. C’est cet esprit qui sauve là où il y a péril : le climat d’intoxication. Le défi à relever donc est de faire promouvoir cette voie(x). « Penser Méditerranée », c’est cultiver le pluralisme, la diversité, la richesse, la tolérance, le respect, la dignité.
La Méditerranée, en tant que civilisation et espace, est une école d’expérience universelle propre à aider les hommes à prendre conscience de leurs limites et de leurs capacités pour construire une humanité plus belle que jamais. Ce livre s’inscrit dans cette voie(x).